Un métier de la Métallurgie |
Le Puddleur |
Publié le 31 octobre 2009 |
Blog Souquières |
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André Marcellin Souquieres né à Viviez en 1829, était dans les années 1850, puddleur aux forges de Decazeville.
Le puddleur est un ouvrier spécialisé de la métallurgie qui travaillait au four à puddler. Ce mot est d’origine anglaise « to puddle » qui signifie brasser. Il était chargé de brasser la fonte en fusion avec des scories pour la décarburer par combustion du carbone et la transformer en un matériau plus souple que la fonte qui pouvait être martelé, laminé ou forgé : le fer puddlé ou l’acier. C’est un travail éprouvant dans un environnement difficile ; le puddleur labourait la fonte et les scories avec une longue perche à crochet « le ringard ». Il utilisait également une perche à palette pour détacher les parties refroidies des parois du four. Du travail du puddleur dépendait la qualité du matériau final. |
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Jules Verne dans Les Cinq Cents Millions de la Bégum (1879)fait une description littéraire mais précise du travail du puddleur :
« L'opération du « puddlage » a pour but d'effectuer cette métamorphose. Des équipes de cyclopes demi-nus, armés d’un long crochet de fer, s'y livraient avec activité. Les lingots de fonte, jetés dans un four doublé d'un revêtement de scories, y étaient d'abord portés à une température élevée. Pour obtenir du fer, on aurait commencé à brasser cette fonte aussitôt qu'elle serait devenue pâteuse. Pour obtenir de l'acier, ce carbure de fer, si voisin et pourtant si distinct par ses propriétés de son congénère, on attendait que la fonte fût fluide et l'on avait soin de maintenir dans les fours une chaleur plus forte. Le puddleur alors, du bout de son crochet, pétrissait et roulait en tous sens la masse métallique ; il la tournait et retournait au milieu de la flamme ; puis, au moment précis où elle atteignait, par son mélange avec les scories, un certain degré de résistance, il la divisait en quatre boules. » |
Ce procédé d’affinage de la fonte a été mis au point simultanément par les anglais Peter Onions (1783) et Harry Cort (1784). La méthode consiste à placer de la fonte en morceau avec des scories d'oxyde de fer sur un feu de coke. Ce mélange est ensuite placé dans un « four à réverbère » (four à puddler) avec des scories afin de provoquer une fusion (le métal est travaillé dans un état pâteux). Il est vigoureusement brassé par un ouvrier à l'aide d'un ringard à crochet. Le carbone s'oxyde et les scories entraînent les impuretés. L'invention du puddlage entraîne une forte augmentation de la production de fer et d’acier. Les arches de la gare de l'Est à Paris et la tour Eiffel, le viaduc de Garabit sont réalisées en fer puddlé. Mais à la fin du XIXème siècle, c’est le décollage industriel de la production d'acier, avec l'invention des procédés Bessemer, Thomas-Gillchrist et Martin-Siemens à la fin des années 1860. À l'origine de l'invention de ces trois procédés, il y a le besoin crucial des compagnies de chemins de fer européennes à trouver pour leurs rails un métal qui résiste à l'usure provoquée par le passage des trains ; il y a aussi, et par contrecoup, la nécessité dans laquelle était le secteur, de recycler avantageusement les montagnes de rails de fonte usés qui s'accumulaient mensuellement. La course aux armements, à partir des années 1880, fit le reste. Le procédé du puddlage fut abandonné au début du XXème siècle. |
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Traité pratique de la fabrication du fer et de l'acier puddlé (1861) par Lucien Ansiaux et Lambert Masion.
Library of Congress Washinton DC - National Photo Company Collection |
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