Le métier du « scieur de long » consiste à débiter les troncs d'arbre dans leur longueur pour en produire des plateaux de menuiserie et tout le débit secondaire de charpente (chevrons, tournisses, planches…). Nous leur devons également les étais des mines, les traverses de chemin de fer, les merrains des tonneaux, le bois des allumettes….
Ce métier est ancien ; au palais ducal de Nancy un bas-relief gallo-romain représente des scieurs de long, mais c'est au XVème siècle qu'ils sont reconnus comme une profession à part entière. L’art de la scie constitue un des éléments le plus important et original de l’émigration saisonnière des Auvergnats, spécialement des régions montagneuses.
La fête de Notre-Dame-de-Septembre ou de la Saint-Michel donne le signal du départ et la Saint-Jean marque leur retour. Ils se dirigent vers les forêts de Gascogne, des Pyrénées, de Bourgogne, de Franche-Comté et même vers l’Allemagne et l’Italie (1698 - intendant Lefèvre d’Ormesson).
Les scieurs partent en brigades, leur chef, le « ganet » recrute dans les villages avoisinant ses compagnons. Une équipe comporte deux scieurs : le « chevrier » qui dirige la scie et le « renard » qui la tire. Ils se déplacent de chantier en chantier, emportant leurs outils de travail : la scie, les haches, les limes, les chaînes et passe-partout.
Pour leur départ, les scieurs sont chaussés d'une bonne paire de sabots neufs de fabrication familiale, ou locale, habillés d'un pantalon de velours épais resserré à la cheville (peau du diable), et de la traditionnelle blaude, l'ample blouse bleu foncé recouvrant tricot de laine et chemise de chanvre, coiffé d'un grand chapeau, emblème de la profession. Les larges bords protègent le visage de la chute de la sciure, roulé en coussinet et mis sur l’épaule il amortit le contact des arbres durant le transport.
Ils emportent pour tout bagage un balluchon avec quelques vêtements de rechange, une paire de sabots d'avance, un peu de victuailles pour les premiers jours du trajet, et bien sûr les outils. |