1830 - Souquières et la fausse monnaie
Le 27 mai 1831, il est 10 heures du matin.
Un attroupement entoure un poteau planté au centre de la place d'armes d'Aurillac.
Le greffier du tribunal civil d'Aurillac vient d'apposer un extrait de l'arrêt de la cour d'assises du 17 mai 1831.
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Cet avis informe la population de la condamnation de Pierre Souquieres, fondeur originaire de la commune de Reilhac, habitant la ville d'Aurillac, convaincu d'avoir fabriqué ou contrefait des pièces de la monnaie de Billon en cuivre, ayant cours légal en France, à la peine des travaux forcés à perpétuité, à être flétri sur l'épaule droite avec un fer brûlant et à rembourser à l'état, les frais encourus par la punition du crime. Cet avis sera retiré à midi, tel qu'en a décidé la cour d'assises.
L'acte d'accusation du 2 mars 1831, établi par le procureur général de la Cour Royale de Riom, indiquait que pendant l'année 1830, Pierre Souquieres fondeur, avait contrefait des pièces de 2 sols ou Gros sol, en avait fait l'émission et fait faire cette émission par des mains tierces.
Pierre Souquieres est né le 15 floréal an 10 (5 mai 1802) dans la commune de Reilhac, il est fils de Jean et de Marguerite Rouffeyt, cultivateurs et a quatre frères et soeurs.Condamné par contumace, nous ne savons pas s'il avait été retrouvé. Il avait sans doute été dénoncé par quelques jaloux , la population des campagnes avait un autre rapport avec ces pièces dont elle considérait que la valeur correspondait à leur poids en métal, ne fût-ce que du cuivre ou de la “matière de cloches”.
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Le sol (sou) a été la première monnaie, descendante de la pièce d'or romaine. Au VIIIème siècle la Livre apparaît et vaut 20 sous, cette équivalence subsistera pour la livre puis le franc. Le Franc sera crée définitivement en 1795 et la pièce de 5 centimes continuera pour longtemps à représenter un sou. La pièce de 10 centimes (2 sous) sera communément appelée ”gros sou”.
Pendant le XVIIIème siècle, la pièce de 1 ou 2 sols était en billion : un alliage d'argent et de cuivre avec plus de 50% de cuivre et 5% de plomb. Les derniers sols gravés l'ont été par Augustin Dupré en 1793 : les sols à la balance. Refrappées pendant des décennies en cuivre et en bronze, elles ont eu cours légal pendant plus de 60 ans. Le décret prononçant leur retrait officiel date du 1er octobre 1856.
Une pièce de 2 sols correspondrait aujourd'hui à 22 centimes d'Euros, mais quel pouvoir d'achat représentait le sou à cette époque ? Vous trouverez ci-dessous quelques éléments d'appréciation :
A cette époque , le salaire journalier moyen d'un travailleur agricole était de 1,50 Francs (30 sols); un artisan (menuisier, forgeron, …) 2,50 à 3,00 francs. Un litre de vin rouge s'achetait pour 2 sols. Le prix du pain (1 kilo) avait subi une très forte augmentation : 11 sous en 1827, 21 sous en 1829, il se stabilise à 15 sous en 1830.
En 1830 de nombreux troubles ont éclaté dans les villes et les campagnes, conduisant aux trois glorieuses (27, 28 et 29 juillet), à l'abdication de Charles X et à la nomination du duc d'Orléans (Louis-Philippe) aux affaires de la France.
Ce sont les difficultés de la vie quotidienne, qui avaient poussé Pierre à se lancer dans cette entreprise, comme beaucoup d'autres artisans du métal.
GSDS - MC/YS2008
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